Un petit boulot
Critique du livre de Iain Levison
Dans Un petit boulot, Iain Levison retrace l'histoire d'un homme, Jake Skowran, touché par le chômage, dans une ville américaine morte économiquement. Pour lui, la série noire commence : il perd don travail, sa petite amie, ainsi que sa fierté. Mais d''autres sentiments grondent alors en lui : la colère bouillonne et la haine s'intensifie contre les bureaucrates qui ont décidé un jour, appâtés par une perpétuelle quête de profit, de délocaliser l'usine sans prendre en compte les petites gens. Pour se sortir de la misère et ne plus compter sur les allocations chômage qui prennent bientôt fin, Jake est prêt à prendre n'importe quel travail. Alors quelle aubaine lorsque Ken Gardocki, un bookmaker mafieux, lui offre le nouveau statut de tueur à gage ! Jake n'hésite pas un seul instant à abattre la femme de Gardocki, et enchaîne très vite, et sans une once de remord, l'accomplissement d'autres tâches morbides.
Au premier abord, ce roman ne m'a pas transcendée.L'auteur y fait une critique, froide et cynique, du capitalisme américain qui ne fait pas dans la dentelle, au détriment de la classe moyenne. Mais voilà, toute l'oeuvre est basée sur un profond cynisme et pessimisme. Que ce soit à travers les personnages ou encore la trame de l'histoire, il n'y a pas une once d'espoir.
Certes, l'originalité se situe dans le job de tueur à gage que va accepter Jake, et celle-ci permet de suivre l'histoire sans trop y décrocher. D'ailleurs, ce qui est plutôt scotchant est l'absence totale de morale de la part du protagoniste. Pire, il m'a semblé lire le parfait profil psychologique du psychopathe, alors qu'il e s'agit à la base que d'un pauvre chômeur cherchant désespérément un travail.Cependant, même si Levison a choisi un exemple extrême, il nous montre tout de même que, pour retrouver une certaine dignité et regagner la considération de ses pairs, l'homme est prêt à beaucoup, voire à tout. On peut ainsi comprendre la méticulosité qu'a le protagoniste dans son travail de tueur à gage, et qu'il avait dans son travail à l'usine. Pour lui, un travail, quel qu'il soit, doit être irréprochable. Et il en met, du cœur à l'ouvrage...!
En outre, ce qui m'a plutôt amusée dans cet ouvrage, est la relation entre les organismes de crédit et Jake. Celui-i se braque évidemment contre eux sitôt qu'ils téléphonent. Or dès lors qu'une jeune femme -à la voix teintée de sensualité- l'appelle concernant sa créance, le protagoniste est immédiatement sous le charme et change presque son fusil d'épaule. Des moments plus légers comme celui-ci ponctuent de temps en temps le texte, et le rendent plus fluide et je dirais même plus, l'humanise !Évidemment, ce polar plaira davantage à ceux qui apprécient l'humour noir et le sarcasme. Pour ma part, avec ma nature plutôt optimiste, je n'apprécie pas ce trop plein d'éléments noirs qui viennent saturer l'histoire. Je pense que la trame de départ est suffisamment négative pour que le style ne vienne pas encore dramatiser et assombrir le tout. Cela étant, l'auteur met tout de même en avant le fait que la misère est aussi autour de nous, pas seulement dans le tiers monde. On se sentirait presque assailli par une certaine culpabilité...
Enfin, Levison est américain, est comme tout auteir américain qui se respecte, il donne dans le happy end. Notre gorge peut enfin se desserrer ! Jake retombe amoureux, l'amour est réciproque et ô comble du bonheur, il quitte le métier de tueur à gage pour endosser celui de gérant d'un Gas'n'Go. Mais après tout, c'est tout ce qu'on espérait, une fin heureuse, pour une histoire bien mal partie. Évidemment, on aura bien compris qu'en choisissant la facilité pour achever le roman, l'auteur n'a pas voulu mettre l'accent sur le personnage et son histoire particulière, mais bien sur le capitalisme américain ainsi que sur la misère engendrée sur la population.Enfin, espérons qu'en ces temps de crise ce roman n'inspire pas quelques idées...!
